Avec 8 684 km parcouru au Maroc, durant mes 2 mois passé là-bas, ce périple aura été le plus beau réalisé de ces 4 dernières années, parce qu’il avait été bien préparé en hivers chez moi et que cela m’a permis d’éviter de perdre du temps, afin de pouvoir me concentrer sur l’essentiel.
En effet ! J’avais cette fois-ci précisément sélectionné sur ma tablette, toutes les pistes et leurs liaisons, que je voulais faire et globalement, mon programme a pu être réalisé à 70%.
Les 30% restant étant dû aux mauvaises conditions météorologiques mais aussi parce que certaines pistes étaient coupées à certains endroits et n’avaient pas été remises en état à mon passage, ce qui m’a valu parfois de « jardiner » pour rien, mais à force de pratiquer le « off-road », la difficulté devient même une source de motivation supplémentaire, sans quoi cela serait peut-être un peu trop ennuyeux.
Durant mon séjour, j’ai dû malgré moi me mettre « au vert » 2 fois, dans des campings municipaux, à cause d’une météo très capricieuse (énormément de vent et de pluie). D’ailleurs, je suis tombé plusieurs fois au beau milieu d’un orage, en pleine liaison, sur une route complétement inondée (entre Midelt et Errachidia) le jour où une partie de Zagora a été complétement inondé (le garage de Ali Nasir était sous les eaux).
Hormis ces péripéties, le reste de mon séjour a été juste fabuleux avec la découverte de la région du Siroua, où j’ai parcouru presque toutes les pistes, rejoignant des Azibs et au plus proche du Jebel Siroua.
A cette période de l’année, il n’y a que quelques personnes qui vivent sur place (de gens qui font office de gardiens ou/et d’autres qui exploitent les terres environnantes) et tout n’est que silence et beauté.
Les séances d’invitations à boire le thé, suivi de treks solitaires, ont rythmés mon quotidien durant une quinzaine de jour et ce que j’y ai vu était juste magique.
Des prairies avec des millions de fleurs, des ruisseaux aux bords verdoyants, des cascades, un environnement qui dégageait une sérénité incroyable et des personnes d’une grande gentillesse, toujours à vous proposer le thé ou à déjeuner avec eux. Certains même me demandant mon n°de tél. pour ensuite, dans la journée ou bien le soir, essayer de m’appeler afin de savoir si tout allait bien. Une bienveillance incroyable.
Mon seul regret, après avoir « tourné » tout autour du Jebel Siroua, c’est de n’avoir pas fait l’ascension, à cause principalement de mes ménisques fissurés.
Après avoir « abandonné » la région du Siroua, mon second souhait était de faire certaines pistes situées dans le Haut-Atlas, à plus de 3 000 mètres d’altitude.
Mon objectif principal était la piste de plus de 60 km qui longe la barrière du Jebel Azourki (3 677 mètres du haut de son sommet) et après avoir subi un premier échec, du côté de Assem Souk (la piste étant coupée et impraticable à la montée) je me suis entêté et 10 jours plus tard, me voilà de l’autre côté, près du village appelé Tahadadat (après avoir quitté la RR704 qui passe par Amouguir) où la piste démarre.
De ce côté, un chantier énorme a commencé et m’a gêné dans ma progression jusqu’à 2 200 mètres et ensuite j’ai retrouvé la piste normale, étroite et sinueuse au milieu de paysages à couper le souffle.
Quelques passages enneigés, mais rien de bien méchant et j’ai arrêté ma progression à la tombée de la nuit, avec un bivouac à 3 300 mètres d’altitude, face au lever du soleil. La nuit a été très froide mais le « Sunrise » a été un vrai bonheur. Malheureusement, le temps a commencé à se dégrader et à cette altitude, mieux vaut ne pas trainer là-haut, car en cas de forte pluie on risque d’être bloqué par une piste dégradée. Donc il a fallu se résigner à retourner à la « case départ » mais j’aurai quand même réalisé une bonne partie du tracé. De toute façon je n’aurai jamais pu basculer vers Assem Souk.
Un autre de mes objectifs était de faire les plus belles pistes, dans le « triangle » Zaouiat Oulmzi, Ouaouizaght et Imichil et là ! Je n’ai pas été déçu ! Une vingtaine de pistes en tout, dont 2 principales qui me tenait à cœur, celle reliant Bou Azmou à Zerkane et celle reliant Ait Ali Wikkou à Zerkane.
Malgré quelques frayeurs, dû à l’état de ces pistes, tout s’est bien passé et j’en ai pris plein la vue, parfois encore à plus de 3 000 mètres d’altitude.
La grosse surprise aura été de circuler sur la nouvelle piste et route asphaltée, entre la sortie de Zerkane (chantier en cours, de ce côté) et Imichil. Un tracé d’une cinquantaine de kilomètres, qui se termine avant le village de Oudeddi, près de Imichil, mais cela m’a permis de découvrir des villages autrefois isolés, tels que : le douar Tamzaghert ou Taydart, des villages encore sans électricité et « beldi » à souhait.
Enfin et pour terminer mon séjour dans le Haut-Atlas, je voulais pour la troisième fois, rejoindre le sommet de Jebel Ayachi (à 3 757 mètres d’altitude) et alors que cela se présentait bien, il a malheureusement neigé 2 jours avant ma programmation.
Qu’à cela ne tienne, j’ai quand même voulu essayer d’aller le plus loin possible, en passant par les villages perdus, après Tagoudit, mais ça s’est corsé à partir de 2 400 mètres où il a fallu que je reconstruise tous les virages, jusqu’au premier plateau qui se situe à environ 3 000 mètres. Après coup, je me dis que malgré les efforts consentis, cela en valait quand même la peine, même si arrivée à la bifurcation pour les 16 derniers kilomètres, la neige m’a ramené à la réalité. C’était impossible d’aller plus haut.
Par la suite, j’ai voulu prendre la piste de l’autre côté, en partant à proximité du douar Zaouïat Sidi Aissa u M’Hamed, dans le lit de la rivière, comme je l’ai fait déjà 2 fois, mais malheureusement et à 9 km environ, le bulldozer en action, reformant la piste, a stoppé mon ardeur et après discussion il s’avérait que l’engin était encore loin de terminer et objectivement, il lui faudrait encore bien une quinzaine de jour pour pourvoir accéder au plateau de 3 000 mètres et plus haut la mine qu’une société exploite, à l’opposé du Jebel Ayachi.
Malgré cela, et pour mon plus grand bonheur, j’ai « navigué » à l’intérieur des gorges, aux parois rocheuses impressionnantes, où l’eau est encore présente partout sur le sol.
Durant ce road-trip, j’aurai rencontré de nombreuses personnes bienveillantes avec lesquelles j’ai passé des moments mémorables et j’ai aussi pour la première fois dépanné un Marocain bloqué à plus de 2 600 mètres d’altitude, le moteur de sa moto n’ayant plus une goutte d’huile. Heureusement pour lui, j’avais un bidon et lorsqu’il l’a vu, sa joie a été immense à voir. On n’a fini chez lui au Douar Ait Abdi, une petite localité beldi et sans électricité (sur la piste que j’empruntai), à boire le thé et à manger des brochettes. Une des plus belles journées de mon périple.
Puis après avoir été manger quelques cerises à Azrou, retour sur Tanger, puis Tarifa et 1 700 km plus tard, c’était le retour à la dure réalité Européenne.